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Petite fille portant un plateau de fleurs
logo Marion Launay

Pour le magazine PEP’S

En route vers l'école à la maison... !

Un soir d’été il y a 10 ans, près d’une plage méditerranéenne, Christophe et moi nous sommes rencontrés… ! Et je ne sais plus très bien comment mais rapidement dans notre relation, nous avons évoqué ensemble notre envie d’accueillir un enfant au sein de notre famille en (re)composition… Deux ans plus tard lorsque le moment nous a semblé propice, Mihla est venue prendre sa place !

Il était évident pour nous deux que nous souhaitions accueillir sa naissance à la maison, dans le calme et la douceur, accompagnés d’une sage-femme… La vie a finalement quelque peu ajusté nos projets, mais des graines de possibles se sont semées tout au long de cette préparation à la naissance que nous avions choisi. De véritables terres nouvelles et inconnues en matière de vie familiale et de parentalité s’étaient rendues visibles à nos yeux…

De la naissance douce à Montessori

Suite aux évidences de départ quant à la naissance et plus largement au « parentage proximal » (1), le temps est passé et Mihla a grandit ! Nos questionnements ont évolué avec elle et nous avons doucement commencé à nous interroger sur ses apprentissages, l’apprentissage en général, les pédagogies et bien sur… L’école ! Nous avions tous deux envie de poursuivre dans la voie que nous avions commencé à tracer, avec notamment comme bases relationnelles l’écoute, la confiance, la bienveillance. La scolarisation nous apparaissait comme un sacré défi pour continuer à tenter de vivre pleinement toutes ces valeurs…

En parallèle de nos réflexions, la pédagogie Montessori s’est présentée sur ma route, au hasard des blogs que je lisais beaucoup pour tenter de trouver des réponses à mes innombrables interrogations de maman ! Qui finalement ne reprendrait pas le travail tout de suite, pas avant les 3 ans de notre enfant et son entrée à l’école…

Le début de ma passion pour Montessori

Pour nourrir mon intérêt débordant sur la pédagogie Montessori, non rassasiée par les nombreux articles et livres de Maria Montessori elle même, je me suis inscrite à une première session de formation lorsque Mihla avait environ 18 mois. Et le moins qu’on puisse dire c’est que j’ai plus qu’accroché… Je suis littéralement tombée dedans !

Ça commençait doucement à devenir plus clair, je ne souhaitais pas inscrire notre fille dans une école traditionnelle, je souhaitais qu’elle puisse profiter d’une pédagogie alternative, et de la pédagogie Montessori plus précisément. Seulement aucune école n’existait près de chez nous, et nous n’envisagions décidément pas de déménager pour cette unique raison, aussi centrale soit-elle…

En formation j’ai bien rencontré des mamans pratiquant l’IEF (Instruction En Famille) et faisant donc l’école à la maison… On est même souvent devenues amies au fil des formations que j’enchaînais. Nous avions tellement de réflexions communes, c’était si agréable de pouvoir échanger enfin sur tous ces sujets qui me passionnaient tant ! A leur contact mon esprit s’est ouvert au delà des à priori que moi aussi je pouvais avoir sur le sujet.

Mes réticences à faire l'école moi-même

A ce moment là cependant, pour moi la non-scolarisation était inenvisageable. J’y pensais régulièrement pourtant mais je me sentais mal à l’aise avec cette idée… J’avais un sentiment particulier, qui me faisait sentir quelque chose que je parvenais mal à mettre en mots… L’impression que ce choix reviendrait à contraindre Mihla à rester avec moi… A lui imposer ma présence, et je trouvais que ce n’était pas très sain… J’avais peur de ce que je pourrais lui transmettre en passant autant de temps avec elle… De ce qu’elle pourrait « absorber » comme le dit si bien Maria Montessori.

Ce sentiment dérangeant j’ai fini par comprendre qu’il prenait racine dans ma propre enfance… Je le savais sans le reconnaître, sans en prendre vraiment la mesure ; en réalité c’était assez inconfortable de le regarder en face… Lorsque j’étais enfant, ma maman à moi a traversé plusieurs périodes difficiles pendant lesquelles elle n’avait plutôt pas le moral… Quand j’y repense aujourd’hui ce que je ressens c’est que la dépression d’un des membres de la famille, et peut être encore plus quand c’est la mère, influe forcément et fortement sur tous ses membres en teintant l’espace familial et les relations de vibrations lourdes et tristes avec lesquelles en tant qu’enfant on fait en sorte de vivre, parce qu’on ne sait de toute façon pas trop quoi faire d’autre… Dans ces périodes là, l’école avait été importante pour moi, elle m’avait permis de sortir de cette ambiance, de m’aérer et, dans ma perception d’enfant, de me replonger dans un monde « normal », sans problème…

En parallèle de ce chemin intérieur avec moi même que la parentalité m’a permis de traverser en y apportant de la conscience, nous avions entamé avec d’autres parents une dynamique de rencontres autour d’un projet d’école ; et petit à petit nous étions en train de nous rendre compte de la diversité de nos attentes et de la différence de notre vision de cette dite école… Au fil de mes rencontres avec encore d’autres familles, notamment porteuses de projets similaires ayant vu ou pas le jour, et surtout ayant vu le jour puis fermé, je prenais doucement conscience de l’énormité du projet. Pour en arriver à la conclusion que finalement, à l’opposé de ce que je souhaitais, l’enfant qui selon moi en paierait le plus lourd tribut serait en fait ma propre fille… Monter une école et la faire fonctionner apparaissait comme énergivore et chronophage au possible… Avec la difficulté cumulée, dans notre relation à elle et moi, de devoir accompagner un groupe d’enfants dont elle ferait partie ; accepter que sa maman s’occupe à ce point d’autres enfants semblait loin d’être une évidence, j’avais pu le constater dans une école Montessori au sein de laquelle je m’étais rendue en observation.

Et puis se lancer... et ne pas regretter !

Toutes ces réflexions sans fin, ces questionnements et ces interrogations toujours plus vastes les uns que les autres nous ont finalement amené, Christophe et moi, à nous dire que nous allions tenter l’aventure de la vie hors école avec Mihla. Les années de maternelles nous semblaient propices à une expérimentation tranquille, et sans beaucoup d’enjeux au niveau des apprentissages « scolaires », nous verrions au fil du temps comment cela se passerait et prendrait forme… Comment nous trouverions nos repères… D’autant que mes pérégrinations intérieures avaient entre temps pris la forme d’une association au sein de laquelle j’animais maintenant des ateliers Montessori !

Nous avons donc fait dès le départ, puis petit à petit des choix de vie nous permettant de devenir et d’être une famille non-scolarisante. C’est un peu bizarre d’ailleurs de se définir par ce que nous ne faisons pas… ! Finalement nous avons simplement continuer à vivre et à cheminer ensemble, les uns aux côtés des autres en apprenant et réapprenant sans arrêt à vivre ensemble… ! Ce n’est pas toujours une mince affaire ! Mais si je crois qu’aucune situation n’est toute noire ou toute blanche, chacune présentant des avantages et des inconvénients spécifiques, celle-ci constitue une aventure d’une extrême richesse ! Chez nous l’instruction en famille m’apparaît comme la suite logique de notre démarche parentale initiale, elle est aussi en accord avec les choix que nous tentons de faire pour nous dans nos activités professionnelles respectives, pour qu’elles puissent nous laisser du temps libre pour simplement profiter de la vie… 🙂

(1) : adaptation libre de l’expression « maternage proximal » englobant le papa dans la démarche.

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