Pour le magazine PEP’S
« Le travail pratique de la vie » dans la pédagogie Montessori
Il y a dans la pédagogie Montessori plusieurs catégories d’activités plus ou moins différentes qui sont proposées au fil du développement de l’enfant. On trouve ainsi du matériel destiné à la motricité globale puis à la motricité fine, à ce que l’on appelle la vie pratique et la vie sensorielle, puis celui destiné au développement du langage, du calcul ainsi que des matières dites d’éveil comme l’histoire, la géographie, la musique ou encore la connaissance du vivant avec la biologie et la zoologie.
Et aujourd’hui j’ai envie de vous parler de celle dite de « vie pratique » !
"La vie pratique", meilleur terrain d'apprentissage
Parce que c’est un peu avec elle que tout commence finalement, notamment dans la mise en place des habitudes de fonctionnement que nous propose cette approche si riche de sens, tout en étant aussi celle qui, logistiquement parlant, est la plus simple à mettre en place à la maison.
Souvent aux alentours de 15/16 mois déjà l’enfant peut commencer à avoir envie de participer aux activités et aux gestes de la vie quotidienne, il a alors envie d’apprendre à faire (seul) à nos cotés. En l’observant nous pouvons répondre assezs simplement à cela en lui proposant peut être par exemple : d’ouvrir et fermer des pots ou des bouteilles que nous utilisons, de mettre à la corbeille ou à la poubelle, d’essuyer la table, avec un torchon ou en y passant l’éponge, d’aider à ranger les courses, etc.
Et comme cela, doucement, qu’arrive ce que l’on appelle « la vie pratique », puisque petit à petit l’enfant va avoir la possibilité d’intervenir de plus en plus dans le quotidien de la maison en en apprenant les gestes même si de son côté il ne le fait pas pour parvenir à un résultat comme nous le faisons nous en tant qu’adulte, non pour lui ce qui est important, et qui l’intéresse, c’est le processus ! Parce qu’il exerce ses mains, précise et affine ses mouvements, et déploit ses efforts.
Nous l’accompagnons alors en appréhendant en amont la complexité de chaque tâche et/ou activité et en la fractionnant en plusieurs étapes que nous allons lui proposer petit à petit. C’est à dire qu’on va chercher à décomposer des processus en étapes simples pour les rendre accessible.
Puis une fois qu’on a identifié quelles étapes on peut proposer, on rassemble et dispose les objets nécessaires à chacune sur un plateau, idéalement dans leur ordre d’utilisation, de gauche à droite et de haut en bas. Parce que l’enfant va absorber ces habitudes de fonctionnement qui sont une forme de préparation indirecte à l’écriture et à la lecture et au sens dans lequel elles fonctionnent toutes deux.
Rester connecter à l'objectif d'apprentissage
Les activités et plateaux de vie pratique ont donc notamment pour objectifs : d’accompagner l’enchainement logique des actions, comme pour apprendre à suivre un process et de permettre et soutenir l’organisation progressive de l’enfant dans son activité, dans son « travail ».
Donc en nous basant sur ce que l’enfant nous voit accomplir chaque jour ou presque et en fonction de ses intérêts et de ses capacités, nous pouvons l’inclure dans de multiples actions du quotidien comme : déballer et ranger les courses, mettre et débarrasser la table, servir à boire, passer l’éponge sur la table et l’essuyer, préparer le repas, faire un gateau, faire la vaisselle, passer l’aspirateur, passer le balais et/ou la serpillère, nettoyer une fenetre, étendre ou ramasser du linge, ranger des vétements, arroser les plantes, etc.
Evidemment en associant l’enfant lorsqu’il le souhaite à toutes ces taches, il paraît assez clair que nous allons perdre, de notre point de vue en tout cas, en efficacité ! Puisque c’est précisément lorsque les gestes sont encore délicats pour lui, qu’il a envie d’y participer et de s’y entrainer.
En même temps c’est important pour nous de bien rester connecté à ce qui se joue ici, notamment vis à vis de l’intention de l’enfant qui souhaite participer, et cette intention justement, elle est précieuse ! On va donc à chercher à la préserver.
L’objectif n’étant pas non plus qu’il réussisse, parce que de la même façon ce qui compte vraiment c’est son implication, à la hauteur de ses possibilités actuelles.
C’est important que nous restions donc attentif-ve à ne pas le forcer parce qu’il y a de grandes chances que ce soit plus contre productif qu’autre chose, puisque lorsqu’un enfant, ou même un adulte ! A passé un mauvais moment sur quelque chose, il a tout simplement tendance à ne pas avoir envie d’y retourner…
On peut donc finalement envisager et distinguer comme différentes catégories d’activités dites de vie pratique selon différents domaines : celles pour prendre soin de soi, puis pour prendre soin de l’ambiance, celles qui vont avoir lieu dans la cuisine, et celle que l’on va pouvoir proposer « sur plateaux » en parrallèle.
Des activités de vie pratique sur plateaux
On peut proposer tout un tas de « petites » manipulations qui intéressent généralement les enfants en préparant des activités plutôt « courtes » et assez simples qui reprennent des actions de la vie quotidienne comme en en « décortiquant » les différentes étapes et les gestes pour que l’enfant puisse donc avoir l’occasion de s’y exercer, de se tromper et de recommencer ! Sans enjeu, ni pression.
Les jeunes enfants aiment généralement beaucoup vider et remplir un contenant mais aussi transvaser et verser ! Ils le font d’ailleurs la plupart du temps spontanément lors de temps de jeu comme dans le bain avec de l’eau ou dehors avec du sable, des cailloux, de la terre, etc !
Il est donc très fréquent qu’ils aiment aussi s’y exercer avec différents « petits » plateaux, comme celui pour transvaser à la cuillère, qui contient deux contenants comme des petits bols et des grosses graines comme des haricots rouges par exemple et une cuillère.
Ou encore comme celui pour verser de grosses graines, qui contient lui deux pichets identiques assez petits et légers et donc facilement manipulables par les petites mains de l’enfant.
Avec de l’eau il y a transvaser de l’eau à l’entonnoir pour commencer et qui est généralement assez apprécié, puis celui pour verser de l’eau d’un pichet à un autre.
On peut aussi proposer celui pour transvaser à l’éponge, avec deux bols et une petite éponge, qui intéresse beaucoup les enfants ! Et qui leur propose d’apprendre à utiliser une éponge en percevant qu’elle ne peut absorber que si elle est essorée.
Et lorsqu’il arrive – avec ce genre d’activité ou d’autres en réalité – que ça commence à comme « déraper » on va dire, c’est très probable que ce soit le signe que le moment de ranger – ensemble ! Est arrivé 🙂
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